18 Jun

Voyage au centre de la Terre.

Publié par Ao

Hay una solucion por todo, menos la murte !!

Mamita, terminal de bus de Camiri

Arrivé en Bolivie.

Ça aura été du sport, mais ça c'est fait.

Après quelques jours à Sucre , direction Potosi. Finit le soleil brésilien, ici je suis à plus de 4 800 mètres d'altitude, et il fait froid.

Au programme aujourd'hui, visite d'une mine. On s'équipe et on descend.

Enfin presque, d'abord on passe à un magasin acheter quelques trucs pour les mineurs. Et oui, on va jouer les voyeurs sur leur lieu de travail, la moindre des choses est de leur amener quelque chose.

Notre guide, Antonio a travaillé 5 ans dans la mine sur les traces de son père et son grand-père, et a arrêté. Il en profite pour nous expliquer les us et coutumes.

Le principal ingrédient, la feuille de coca. Ils en mâchent plus de 500 feuilles par jour. Sans ça, ils ne pourraient pas tenir 8 à 10 heures dans la mine.

Ensuite la pierre catalyseur. Constituée de cendres de quinoa, épluchures de pommes de terre et de cactus, elle amplifie les effets de la coca et donne de l'énergie. Seul problème, si il n'y a pas de feuilles dans la bouche ça n'a pas d'effet. Mais en vérité, un bolivien d'ici qui ne mâche pas, ça n'existe pas.

En remplacement de cette pierre, le bicarbonate de sodium, effet garantie. Et c'est là qu'on apprends que c'est un peu comme ça que se fait.. la cocaïne !! Tout s'explique.

Viennent ensuite les cigarettes. À base d'épluchures d'oranges, de feuilles de coca et de tabac, leur fumée purifie l'air des gaz toxiques après une explosion.

Et oui, parce qu'ils creusent tout à la main, avec l'aide de dynamites (mais pas trop, parce que c'est cher).

Et pour finir l'alcool, 96°, essentiellement là pour des rituels (j'y reviendrais). Soit disant la coca en inhibe les effets. Mouais.

Et c'est parti, attention à ne pas être claustrophobe..

On rencontrera quelques mineurs, dont Ciriaco Ariaca, 73 ans, qui travaille là depuis 35 ans. Respect.

L'espérance de vie des mineurs est drastiquement réduite. Si tu rentre vers 15/20 ans, peu de chances de fêter ton demi-siècle (c'est bien pour ça qu'Antonio a arrêté). Mais la paie est une bonne motivation : là où un bolivien (ici à Potosi) est payé en moyenne 1 000 bolivianos/mois (~130€), un mineur va gagner 120B$/jours (~2 900B$/mois). Cette même paie fluctuant du simple au double au grès des boursicotteurs de Londres qui décident du prix de la livre d'argent. Là, on voit l'impact direct de ces décisions. Bref.

Les quelques 7 500 mineurs sont répartis en 350 coopératives qui travaillent sur 448 mines. Les équipes (quadrillas) sont formés de 4 ou 5 mineurs, dont le plus ancien (primero mano) dirige, perce les trous et use de la dynamite. Les autres chargent et transportent le minerai.

La religion a une part très importante sous terre, mais est totalement différente de la surface. Ici, c'est la Pacha Mama (Terre Mère) et el Tío (Oncle) qui sont vénérés.

La Pacha Mama, c'est la montagne, qui est creusée à longueur de journée, et qui fournit de quoi vivre à tous ces gens. Normal donc de lui rendre hommage. Certains feraient bien de s'en inspirer..

El Tío (El Diablo à la base) tire son histoire du 16ème siècle, époque où les colons espagnols envoyaient les indigènes travailler pour eux dans les mines. Ils rentraient le lundi matin, et ressortaient le samedi soir, pour aller prier leur nouveau dieu à l'église le dimanche. Mais il n'y avait pas de contrôle sous terre et la production finit par décliner. Pour remédier à ça, les espagnols placèrent une représentation du diable au fond de la mine, en disant que s'ils ne travaillaient pas, ils iraient en enfer, et que c'est pour ça que les galeries s'effondraient. Les indigènes, crédules, y crurent à 100%. Ils commencèrent donc à faire des offrandes (coca, chica (maïs fermenté) et fœtus d'animaux) à ce diable, pour qu'il les protège.

Aujourd'hui, El Diablo est devenu El Tío, symbole masculin en opposition à la Pacha Mama, protecteur des mineurs. Tant qu'il est honoré, le filon ne peut s'épuiser. Il lui est rendu hommage en lui offrant des feuilles de coca, deux cigarettes (une pour la Pacha Mama et une pour le Tío) et un peu d'alcool, suivant le rituel suivant :

" Por vos, Tío, para vos Tío

Por vos trabajo, para vos trabajo

Para que no me olvidas,

Para que no nos olvidanos "

" Kampak ñokay, mana konkaynaycupaj " (en Quechua)

Ce rituel se fait à chaque fois qu'un mineur passe à proximité d'une représentation (7 rien que dans cette mine), et surtout chaque 1er vendredi du mois, pour que la récolte soit fructueuse et que tout se passe bien, et chaque dernier vendredi du mois pour le remercier que tout se soit bien passé. Parce que plus que tout, ce qui importe à ces gens, c'est de sortir en vie pour revoir le soleil et sa famille.

" On sait qu'on rentre, mais on sait jamais si on va ressortir "